À l’instar de tous les conviviums dans le monde, Slow Food Beirut fait partie du réseau des associations de Slow Food International et partage de ce fait même la philosophie et la mission du mouvement. Les membres de l’ONG s’engagent ainsi à défendre la biodiversité et à consommer « bon, propre et juste ».
Les produits doivent donc avoir « bon goût, ce qui est important sur le plan gastronomique », explique Rami Zurayk, directeur du programme des sciences de l’environnement à l’Université américaine de Beyrouth. « C’est un moyen de permettre aux petits producteurs de concurrencer les grands producteurs, poursuit-il, puisqu’ils offrent des produits au goût différent, au moment où les produits offerts par les gros producteurs ont un goût standardisé. »
Les produits Slow Food doivent également être propres, « c’est-à-dire générés de manière à préserver l’environnement, les espèces animales et la santé ». « L’agriculture est l’un des plus grands pollueurs mondiaux, souligne Rami Zurayk. Selon la philosophie de Slow Food, les agriculteurs doivent donc, à titre d’exemple, appliquer la gestion intégrée des produits nuisibles, recourir à des méthodes de labour qui conservent le sol, etc. Il faudrait aussi que le produit lui-même soit propre, c’est-à-dire qu’il ne contienne pas de pesticides ou qu’il ne soit pas contaminé. »
Célébrer le « juste », enfin, « c’est veiller à ce que les producteurs alimentaires reçoivent une compensation juste pour leur travail ». « Les producteurs locaux pourront pourvoir à leurs besoins, les campagnes et les zones rurales pourront aussi revivre », insiste Rami Zurayk. Le consommateur Slow Food devient ainsi un partenaire actif du processus de production.
Pays basé sur l’inégalité
Qu’apporte cette ONG de plus sur le plan national ? « Le Liban est en chute libre sur le plan alimentaire, répond Rami Zurayk. La qualité des aliments est très médiocre parce qu’il n’y a ni certificat ni contrôle sur les produits consommés. L’agriculture libanaise est elle aussi en chute libre et ne fait que se rétrécir. Avec le coût des importations des denrées alimentaires qui s’est accru au cours des derniers mois, il faut vraiment mettre au point une politique qui puisse générer une activité du côté des producteurs locaux pour relancer ce secteur qui a été complètement détruit. »
Et Rami Zurayk d’insister : « Le Liban est un pays basé sur l’inégalité, qui est constatée au niveau social, financier, comme au niveau de l’accès à la terre et aux ressources. C’est l’un des pays les plus inégaux du monde et malheureusement, les personnes aisées ne le savent pas. Elles vivent en dehors de cette réalité et évitent d’y penser. Or, l’agriculture est l’un des moyens qui permettent de combattre la pauvreté. C’est ce qu’a souligné d’ailleurs la Banque mondiale dans son dernier rapport. “Bon, propre et juste” ne peut être donc que bénéfique pour le Liban d’un point de vue social, alimentaire et environnemental. J’ai été désigné à plusieurs reprises conseiller du ministre de l’Agriculture et je sais que le Liban n’a aucune politique agricole pour plusieurs raisons, la principale étant le clientélisme politique et le confessionnalisme qui prévalent dans ce pays. Il faudrait donc agir et essayer d’adopter à travers la société civile des politiques en ce sens. Il s’agit, par la suite, de faire du lobbying auprès des responsables et leur montrer que les alternatives existent et que celles-ci sont susceptibles de protéger l’environnement et la culture alimentaire du pays, qui fait partie de notre patrimoine, au même titre que la culture littéraire, etc. »
From a long article on Slow Food Beirut in today's L'Orient-Le Jour. Good, Clean and Fair should be the basis of the agricultural policy of Lebanon.
Wednesday, April 9, 2008
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